L’influence du microbiote vaginal sur la fertilité féminine

Ces dernières années, d’importantes avancées ont eu lieu dans le domaine de la compréhension des microbiotes, et notamment le microbiote vaginal. Le Dr Jean-Christophe Pont est biologiste médical et à la tête du centre AMP Natifiv implanté à Meaux. Inauguré en 2017, ce centre est le fruit d’un travail commun effectué par le Grand Hôpital de l’Est Francilien (GHEF) et d’Inovie, et comprend autant des cliniciens et sages-femmes de l’hôpital public et des biologistes et techniciens INOVIE Fertilité. Le biologiste nous présente ici l’état des connaissances actuelles.


Dr Jean-Christophe Pont, pouvez-vous nous rappeler, en quelques mots, en quoi consiste l’Aide Médicale à la Procréation (AMP) ?

Selon la loi, l’AMP regroupe l’ensemble des techniques et interventions qui utilisent une manipulation des gamètes dans l’objectif d’aider un couple hétérosexuel, des femmes en couple ou même une femme seule, à avoir un enfant. Dans notre centre, AMP Natifiv, nous avons recours à une large palette de techniques, allant par exemple de l’insémination de spermatozoïdes jusqu’à la fécondation in vitro en laboratoire.


Avant de nous concentrer sur le microbiote vaginal et ses spécificités, pouvez-vous nous expliquer ce qu’est un microbiote ?

Le microbiote, de manière générale, est un ensemble de micro-organismes qui colonisent notre organisme : on prend conscience de l’importance de cet état de fait depuis seulement quelques décennies.

Ce microbiote joue un rôle essentiel dans de nombreux processus biologiques. Les avancées de la recherche dans ce domaine parviennent en partie au grand public, puisque ce dernier connaît plutôt bien le microbiote intestinal, qui est le plus important : ainsi, c’est environ 30 % du total des micro-organismes de notre corps que l’on retrouve dans notre système intestinal.

Or, s’il y a un microbiote qui gagnerait à être davantage connu, c’est bien le microbiote vaginal : 10 % des bactéries présentes dans l’organisme chez la femme relèvent de ce dernier.

De plus, le microbiote vaginal est spécifique par rapport aux autres, car si l’on considère qu’un microbiote est sain lorsqu’il compte une très grande diversité de bactéries, ici, c’est totalement l’inverse.

Le microbiote vaginal est dominé par la lactobacille, plus connue sous le nom de bacille de Döderlein. Cette bactérie est là pour protéger le vagin et les voies vaginales hautes des infections grâce notamment à sa production d’acide lactique qui permet de maintenir un pH précis au niveau du vagin.

Il faut donc retenir que le vagin est acide, et que c’est justement cette acidité qui le protège des infections. Il faut également noter que l’équilibre du microbiote vaginal est précaire : que ce soit par la prise de certains antibiotiques ou tout simplement du fait des règles, la présence des lactobacilles peut évoluer et se dégrader. Dans ce cas, on parle de dysbiose, qui, si cette dernière s’aggrave, peut devenir une vaginose avec tous les désagréments l’accompagnant comme des démangeaisons, des leucorrhées blanchâtres et malodorantes ainsi que l’apparition de rougeurs au niveau du vagin.


De quelle manière peut-on étudier le microbiote vaginal ?

Depuis une dizaine d’années, une révolution dans le domaine de la technique, mais aussi de l’analyse, prend place dans notre domaine d’étude. En effet, grâce à ces innovations, nous pouvons désormais avoir une meilleure connaissance du microbiote vaginal. Auparavant, il fallait passer par de la culture bactérienne, mais on manquait d’une vue d’ensemble, aussi bien quantitativement que qualitativement.

Or, depuis les décennies 2000 et 2010, on intègre de nouvelles technologies qui améliorent notre compréhension du sujet. Ainsi, le Dr Jacques Ravel est parvenu à déterminer qu’il existait en réalité 5 vaginotypes différents : 4 d’entre eux sont dominés par un seul type de lactobacille, mais à chaque fois différent. Le cinquième est particulier car davantage à risque et permet davantage un développement des vaginoses.


Quelle est l’influence réelle du microbiote vaginal sur la fertilité féminine ?

On se rend compte que la fertilité féminine varie en fonction de la situation du microbiote vaginal : si c’est ce dernier est sain, donc qu’il y a un équilibre du microbiote vaginal, il est en eubiose, en revanche si l’on y trouve un déséquilibre, on dit qu’il est en dysbiose.

Ainsi, dans le cadre d’une méta-analyse effectuée par le Dr Haarh en 2018, ce dernier a pointé le fait que la dysbiose provoquait significativement davantage de fausses couches précoces en FIV. On observe aussi une diminution du taux d’implantation de l’embryon, mais ce constat doit être relativisé car n’étant pas encore consensuel. Ainsi, certains chercheurs remettent en cause ce lien entre dysbiose et fertilité, arguant qu’il ne faut pas confondre causalité et corrélation.

En réalité, on constate que c’est au sein du microbiote endométrial que tout se joue. Il y a encore peu, on pensait que l’utérus était stérile, au sens microbiologique du terme. Aujourd’hui on a la certitude que ce n’est pas le cas : certes, on retrouve bien moins de bactéries dans l’utérus que dans le vagin, mais il y en a bel et bien. Se pose donc la question du prélèvement des bactéries présentes dans ce milieu, car ce prélèvement est difficile. On constate également que le col de l’utérus joue un rôle clé dans la grossesse et qu’un déséquilibre bactérien dans cette zone pourrait également avoir un impact.

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